Portrait Fanny VERNIER (Promotion 2015)

1. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?
_Je travaille à Ifremer en modélisation sismique grand-angle (réfraction). C’est un CDD de 18 mois. Le profil que je traite, long de 300 km, est composé de 23 sismomètres de fond de mer (OBS : Ocean Bottom Seismometer) et prolongé par 19 stations à terre (LSS : Land Seismometer) espacés tous les 10 km et 5 km respectivement. L’intérêt de la sismique grand-angle est d’avoir les récepteurs (sismomètres) fixes, et la source (canons à air du bateau) mobile, permettant de plus grands offsets et donc une meilleure pénétration des ondes en profondeur qu’en sismique réflexion où les récepteurs sont trainés derrière le bateau (flûte sismique). On peut atteindre les 50 km de profondeur. De plus, la réfraction va nous permettre d’avoir des indications sur la vitesse de propagation des ondes dans les différentes couches terrestres, et avoir donc des informations sur la nature des roches traversées. Le jeu est d’identifier sur les sections sismiques les trains d’ondes correspondant à la propagation des ondes dans une couche bien précise, et de construire son modèle de vitesse en fonction, en commençant par les couches superficielles vers les plus profondes, en appropriant donc une vitesse et une géométrie à la couche. C’est de la modélisation directe, à « l’erreur », donc on corrige son modèle de façon à ce que les temps prédits calculés par un tracé de rais dans le modèle fit les temps observés (données). C’est un travail très long, et fastidieux puisque le modèle est construit « à tâtons ». Avec l’expérience on comprend mieux comment agir sur les 3 paramètres à notre disposition pour fitter le data, à savoir la vitesse des couches, le gradient de vitesse à l’intérieur d’une couche et la profondeur de l’interface. Pour faire ce modèle, je m’aide également de la sismique réflexion qui a été acquise en même temps, permettant de contraindre la géométrie des couches les plus superficielles – sédimentaires surtout. J’ai également à ma disposition des données magnétiques, et gravimétriques. Je teste mon modèle en convertissant les vitesses en densité, puis en calculant une anomalie gravimétrique que je compare aux données gravi. Le modèle final révèle ainsi l’épaisseur sédimentaire, la profondeur du Moho, et ce qui nous intéresse dans notre cas : la transition croute continentale / croute océanique. La finalité derrière, c’est de mieux contraindre les modèles de reconstruction cinématique – mieux comprendre comment ont bougés les continents depuis le morcellement du supercontinent le Gondwana il y a 160 millions d’années.

2. Pourriez-vous décrire votre poste actuel (ou votre dernier poste et vos dernières fonctions) ?
_J’ai été diplômée en 2015 (ingénieur et master d’excellence de l’EOST). Puis j’ai fait mon stage à Ifremer en sismique réfraction également. Ensuite j’ai fait un break avec la géophysique pour prendre un peu de recul sur la vie :-)) j’ai fait un service civique pour développer le hockey-sur-gazon (ma passion) féminin en France. J’ai ensuite repris du métier à Ifremer, où je suis actuellement pour quelques semaines encore. Je pense ensuite me reconvertir pour faire de la permaculture, je ressens en effet le besoin de trouver un sens concret et immédiat à ce que je fais, avec également moins d’ordinateur…

3. Auriez-vous une anecdote à nous partager sur votre séjour à l’EOST ?
_Une anecdote à l’EOST… quand on a voulu créer une section chorale et qu’on s’est retrouvé à chanter « Dans la jungle terrible jungle, le lion est mort ce soir… » à un concours dans je ne sais plus quel bar… Ce fut la fin de cette section… court mais intense haha

4. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de Géophyse ?
_Géophyse peut être un bon moyen de communiquer autour d’un projet qui me tient à cœur avec l’association Astrolabe Expéditions, qui fait des sciences participatives en mer via des expéditions scientifiques à la voile, et particulièrement de faire connaître le programme MagSail – mesures magnétiques à l’aide de capteurs embarqués sur des voiliers citoyens – solution innovante, lowcost qui permettrait d’agrandir la base de données en mer avec un fort potentiel en terme de résolution spatiale.