Alice Frémand (Promo 2015) nous raconte son expédition en Antarctique

Partie 3 - La vie à bord

Alice, après nous avoir raconté le but de ton expédition et son itinéraire, nous aimerions en savoir plus sur la vie à bord du bateau.

Quel était ton rôle sur le bateau ?

Sur le bateau, j’étais à la fois le data manager et géophysicienne. En tant que géophysicienne, je participais à la collecte des données de bathymétrie qui donne une information sur la topographie des fonds sous-marin ainsi qu’à la collecte de données sismiques de proche surface (sub-bottom profiling). Au cours de cette expédition, les données de bathymétrie étaient utilisées pour aider aux déploiements des différents instruments – lorsqu’on envoie des instruments pour récolter des échantillons de sédiments par exemple, il est important de connaître la profondeur approximative du ‘seabed’. Les données seront également exploitées par Kate, une hydrographe pour créer une carte très précise des trois différentes baies et d’essayer de cartographier le recul des glaciers.

Figure 1 Alice à bord du RRS James Clark Ross

En tant que data manager, j’aidais les chercheurs à documenter les données qu’ils collectaient. Cela consistait principalement à informer les scientifiques sur les différents outils mis à leur disposition pour organiser la collecte des données. Je devais également avoir une vue d’ensemble de ce qu’il se passait chaque jour sur le bateau et tenais un carnet de bord décrivant le type de déploiements effectués.

A quoi ressemble une journée type sur le bateau ?
Sur un bateau, il est difficile de voir le temps passer surtout à Rothera où la nuit ne dure que quelques heures. Il était donc important d’avoir une routine, et cela passait par les repas. Le matin le petit-déjeuner était servi à 7h30, le déjeuner à 11h30 et le dîner à 17h30. Tous les vendredis, c’était Fish&Chips et le dimanche le ‘Sunday Roast’. Lorsque nous étions en transit, j’organisais avec les chercheurs la collecte de leurs données, j’étiquetais les boîtes de Pétri ou j’aidais la biologiste spécialisée dans l’étude des cétacés, Marina, à compter et observer les baleines.
Lorsque nous étions en mode science, l’activité ne s’arrêtait pas et on collectait les données 24/24h. J’ai principalement participé à la collecte de sédiments et des populations benthiques lorsque je n’étais pas devant l’echo-sondeur pour la collecte des données de bathymétrie. Je travaillais principalement de nuit mais ça ne me dérangeait pas puisqu’on avait l’occasion d’admirer le coucher/lever du soleil.

Figure 2 Les couchers/lever de soleil (c’est parfois à seulement une heure d’intervalle)

Est-ce que vous avez fait des découvertes ?

Même si l’analyse des données est toujours en cours, des découvertes ont été faites. L’étude des microplastiques par exemple a révélé leur présence en Antarctique. Alors que la présence de l’homme est tout de même limitée dans cette région, les scientifiques ont découvert une quantité alarmante de plastique. Certains éléments retrouvés dans les filets étaient visibles à l’œil nu. Pour en savoir plus, je recommande ce reportage filmé sur le bateau.

Figure 3 Peut-être une ancienne rive ?

En géophysique, les données de bathymétrie et sismique de proche surface ont peut-être révélé une ancienne rive/plage au niveau de Burdwood Bank. Il faudra cependant attendre l’analyse des données pour en savoir plus.